Biodiverté

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Au delà du virtuel, prédire les changements climatiques sur la biodiversité signifie plus qu’une corrélation entre climat et espèce

Pour prévoir de manière fiable la réponse des plantes et des animaux au changement climatique, il est essentiel de s’assurer que le climat joue un rôle déterminant dans la distribution de ces espèces. De ce fait, il existe actuellement beaucoup de littérature liée aux modèles de répartitions d'espèces (aussi appelé modèle de niche, modèle d’habitat, enveloppe bioclimatiques), c’est-à-dire des modèles qui lient la présence des espèces et le climat. Ces modèles ont été employés pour diverses espèces (par exemple plus de 1000 espèces d’animaux et plantes, Thomas et al (2014) Nature, [427]: [145], https://www.nature.com/articles/nature02121, plus de 1500 espèces, Thullier et al (2011) Nature, [470]: [531], https://www.nature.com/articles/nature09705#Sec2), les plantes européennes (Thullier et al 2005, PNAS, [102]: [8245], https://www.pnas.org/content/102/23/8245) mais aussi plus récemment sur les arbres forestiers Européens (Dydersky et al (2018), GCB, [24]: [1150], https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/gcb.13925). Ces études sont nombreuses, et peuvent faire la une des recherches scientifiques, mais aussi des médias.

Les modèles de niche sont de plus en plus populaires auprès des scientifiques, notamment grâce à leur facilité d’utilisation. Avec les différent logiciels et algorithmes existants, ces outils sont aussi recommandés en sciences de la conservation, comme par exemple pour la gestion et la prédiction future des forêts (Pecchi et al (2019) Ecological Modelling, [411]: [in press], https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304380019303254).

Les prédictions obtenues par les modèles de niche sont parfois très pessimistes, et même douteuses pour certaines espèces, notamment à cause de la structure spatiale des données utilisées.

L’évaluation de l’usage de modèles, notamment pour identifier les relations de cause à effet entre présence des espèces et climat, a fait l’objet d’une étude récente par Journé et al (2019) Ecology [in press]. Les auteurs ont utilisé des modèles corrélatifs basés sur le climat pour prédire la distribution d’espèces « virtuelles » dont les répartitions ont été simulées de façon totalement indépendante du climat, et ce pour divers groupe taxinomiques. Les auteurs ont montré qu’il est possible de prédire aussi bien des fausses aires de répartitions des espèces virtuelles que les espèces réelles, qui sont supposés a priori être déterminées par le climat. Sans remettre en question le rôle du climat sur les aires de répartitions des espèces, cette étude appelle à la plus grande prudence quant à l’utilisation de cet outil, notamment lors de la prédiction du changement climatique sur les aires de répartition des espèces.

Pour plus d’informations, l’étude est disponible au lien suivant : https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ecy.2912

 

 

Par Valentin Journé

Date de modification : 17 septembre 2023 | Date de création : 15 novembre 2019 | Rédaction : Valentin Journe