Café Agro - Brebis dans un verger - 19 mars 2019

Café Agro - Accueillir des brebis dans un verger - 19 mars 2019

Produire des fruits différemment… Ceci questionne de manière très concrète le verger, son agencement, ses pratiques… vers des systèmes moins spécialisés et plus autonomes. Les Cafés Agros sont ouverts aux agriculteurs, conseillers… en vue d’échanger sur une thématique ciblée, avec l’éclairage des invités du jour, et de partager les expériences et projets de chacun.

Des brebis dans un verger : quels bénéfices en attendre ? Quelles adaptations penser ? Et bien d’autres questions… Le 3e et dernier Café Agro de l’intersaison a permis d’échanger autour de cette thématique proposée par les participants des 2 premiers Cafés Agro et de considérer les différentes façons d’associer verger et brebis, leurs atouts et leurs contraintes.

Pourquoi introduire des brebis en verger ?

De nombreux services sont évoqués, le premier étant celui de ‘tondeuse’… mais d’autres bénéfices non négligeables ont été cités : gestion des ravageurs et maladies avec consommation des fruits infestés par le carpocapse au sol et feuilles de la litière (prophylaxie tavelure), ou encore limitation du campagnol dû au passage des animaux, changement de faune du sol par l’apport de matière organique… voire le plaisir de la présence d’animaux lors du travail dans le verger.

Comment associer verger et brebis ?

L’association peut être temporaire ou permanente, avec des brebis pâturant à l’année, ou sur la période hivernale, ou encore en passage rapide dans le verger, le troupeau pouvant être sur la ferme ou celui d’un éleveur en recherche d’herbages. Pour accueillir des brebis de manière permanente, des surfaces complémentaires sont nécessaires pour faire pâturer les brebis quand ce n’est pas possible en verger (récolte, traitements). La présence d’animaux sur la ferme sera également plus ou moins lourde selon si une production est visée (gestion des agnelages) ou si seul l’effet ‘tondeuse’ est recherché.

Cette association demande de gérer des arbres fruitiers, un troupeau et le sol du verger…

Côté fruitier, il s’agira de limiter les possibles effets négatifs, principalement la consommation des écorces. Des techniques d’éducation des brebis et des muselières qui visent à détourner les brebis des fruitiers existent ; elles sont peu développées et posent des questions éthiques. Certaines races de brebis (ex. Shropshire) s’attaquent peu aux écorces, sous réserve que leur alimentation ne soit pas carencée. La configuration du verger reste relativement proche d’un verger classique : la possible consommation de fruits et de rameaux ne concerne généralement que des branches basses qui produisent des fruits de moindre qualité, et les dégâts sur les goutteurs dus au passage des brebis sur ou sous les rampes d’irrigation sont très limités. Il faut toutefois surveiller !

Côté troupeau, cela demande effectivement une surveillance, incluant une protection du troupeau contre d’éventuels prédateurs, des apports en eau et des compléments (pierre à sel) pour éviter les carences, et une gestion du parasitisme via des durées et fréquences de pâturage minimisant le risque… Le cuivre est toxique pour les brebis à partir d’une certaine dose, et des effets cumulatifs peuvent être observés des mois après ingestion. L’exposition des brebis peut être due aux applications phytosanitaires de la saison mais également à la consommation d’herbe dans des parcelles historiquement traitées au cuivre. La présence d’un troupeau demande également d’être dans d’autres réseaux professionnels (éleveurs, vétérinaire…) et s’accompagne d’une gestion administrative plus contraignante que les productions végétales. Un délai avant récolte est également à respecter pour les productions fruitières ramassées au sol (noix, pommes à cidre).

Côté sol, la charge en animaux et la rotation du pâturage permettent de limiter les tassements et… ne pas oublier que l’effet ‘tondeuse’ permet d’éviter le passage de machines agricoles et donc de limiter ce tassement.

En bref, différents fonctionnements permettent une démarche progressive pour associer fruitiers et brebis à partir d’un verger ‘classique’. Plus largement, d’autres espèces animales (ex. volailles) peuvent également être introduites en verger avec une action complémentaire sur des ravageurs faisant une partie de leur cycle dans le sol.

Enfin, l’introduction de brebis en culture n’est pas une exclusivité du verger, cette pratique se développe dans le sud de la France en vigne en période hivernale, ou encore en systèmes assolés. A suivre… !

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Participants

Date de modification : 22 juin 2023 | Date de création : 04 mars 2019 | Rédaction : B. Rosies